vendredi 6 juillet 2007

Mon Pére en 1914

Mon Père en 1914

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Quelques semaines plus tard ils revenaient, ayant perdus leurs illusions, après qu’un armistice eut été signé .par un gouvernement provisoire, sans qu’il y ait eu une vrai bataille.

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.La vie reprit un cours presque normal .J’avais passé mon certificat d’études en juin en même temps que Michel et bien avant l’arrivée des troupes allemandes

Comme il n’y avait plus d’instituteur au village : qu’une stagiaire, il fut convenu que j’allais monter en " grade "et que je m’occuperais des petits,et des moyens , la demoiselle ne prenant en charge que ceux qui devaient passer leur certif C’est ainsi que je fus un instituteur au bénévolat forcé , pendant environ deux mois J’apprenais aux tout petits le BA BA je donnais des dictées aux plus grands , leur faisais faire un peu de calcul . Mais au moment de ma retraite je ne fus jamais reconnu officiellement comme un fonctionnaire de l’enseignement ! .Parfois nos mérites ne sont pas reconnus et je me promis de ne plus me laisser avoir, surtout dans l’enseignement..

Le blockhaus et les Allemands

LA VIE DANS LE BLOCKHAUS

ET APPARITION DES ALLEMANDS

Quand les bruits de la guerre se furent rapprochés, nous nous réfugiâmes dans un blockhaus situé au milieu du village C’était un vestige de la guerre de 14 et nous y avons vécu plusieurs jours , Il devait y avoir 5 femmes , quelques jeunes filles et moi , seul représentant de la gent masculine c’est là que les troupes allemandes nous ont trouvés .Nous les attendions avec une grande anxiété, car l’on craignait que par précaution , ils ne jettent une grenade dans le blockhaus, ne sachant pas qui avait pu s'y réfugier.

On disait les Allemands, les boches, les verts de gris et plus tard les doryphores ! Ils étaient aussi dévastateurs etc. .. ; Mais au fait comment étaient –ils ?

Nous avions, cependant par précaution, placé un mouchoir blanc à l’entrée afin d’afficher notre position de civils Mais il y avait toujours le risque qu'un Allemand jette une grenade de précaution et regarde après pour voir s’il y avait quelqu'un dedans .

.. Après un moment de stupeur quand ils sont apparus dans l’ouverture, le fusil en avant. je me suis aperçu que c’étaient des hommes comme nous : deux bras, deux jambes, seuls leur langage et leur tenue verte les différenciaient de nous, mis à part les armes. Cette constatation atténua mon anxiété.

Quand les Allemands ont été installés nous reçûmes l’ordre de rendre les fusils de chasse et toutes les armes dont nous pouvions disposer ; En déchargeant le revolver qu’il possédait mon grand père appuya malencontreusement sur la détente, le coup parti dans ma direction en écorchant seulement le plancher Ce fut un instant de frayeur. .

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Auparavant mon père, qui avait déjà fait celle qui devait être la

dernière celle de 14/18 était parti à pied ,avec Pierrot ,un jeune du village ,pensant que l'état Major reformerait une armée dans le midi de la France .ils sont allés comme cela jusqu'à Saint Etienne . Ils croyaient de leur devoir d'aller défendre leur Patrie.

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L'armée française

L’ ARMEE FRANCAISE APPARAIT

Des troupes françaises vinrent cantonner dans le village. La troupe avait le droit de venir au café de 18 heures à21 heures Les horaires avaient été aménagés ainsi, car au début quand c’était ouvert toute la journée les soldats n’ayant rien à faire buvaient pour passer le temps et cela finissait par des bagarres soit entre eux soit avec les civils ; ce qui obligea mon père à intervenir plusieurs fois. On avait dû mettre une table au travers de la porte communiquant avec la cuisine Sinon on se serait fait envahir (déjà ) La salle du café était pleine à craquer et je me faufilais comme je pouvais pour les servir.Ca nous changeait du train train habituel d’avant leur arrivée.

Les officiers venaient ensuite après 21 heures, bien tranquillement .Il y avait un capitaine qui venait tous les jours jeter un œil sur mes devoirs ça m’agaçait un tantinet. Il eu même le culot de dire qu’il m’avait aidé dans un problème de calcul. Il s’agissait de calculer la longueur représentée, en mettant bout à bout toutes les cellules rouges d’un corps humain. Je n’avais pas besoin de lui pour faire cet exercice .

. Les soldats pour évacuer le stress et se distraire ont monté des saynètes de théâtre et certains se sont mis à chanter. Les villageois avaient été invités. Avec des voisins je m’y suis rendu .J’y ai appris, certaines chansons, que je n’avais pas encore à mon répertoire

ET DISPARAIT

Cette situation dura un certain temps, puis un jour un ordre arriva d’où ? ….. Et les militaires plièrent bagages et disparurent aussi rapidement qu’ils étaient arrivés Il n’y a pas eu besoin de bataille pour que nos troupes reculent .Ou est le temps ou l’on voulait aller pendre notre linge sur la ligne Siegfried ?

L'avantage c'est que je n'avais plus mon capitaine contrôleur sur le dos.

LA GUERRE SE RAPPROCHE.

.Le bruit des canons, probablement ceux de la ligne Maginot, augmentait. Mais tous ces obus ne servirent à rien, étant donné que cette fameuse ligne dite infranchissable fut tout simplement contournée par les troupes allemandes. Après quelques tentatives de percées, la canonnade repris de temps en temps et nous décidâmes d'aller coucher à la cave

.Après plusieurs jours, mon père décida qu’il dormirait mieux dans son lit et évidemment je me suis senti obligé de faire comme lui. Nous étions entre hommes.

.Quelque temps plus tard les bruits guerriers se rapprochant nous réintégrâmes la cave avec plusieurs voisines qui se trouvaient bien seules Un jour un avion lâcha une rafale de mitrailleuse qui arrosa la façade et des balles passèrent par le soupirail .La maison était en angle face à la grande place, ce qui la rendait vulnérable.

Quand on a su que les troupes allemandes avançaient, nous prîmes, la précaution d’aller enterrer les bouteilles de gnoles dont nous disposions au pied d’un prunier Nous n’allions quand même pas laisser les trésors de la Lorraine aux teutons..J'ai conservé une ,des bouteilles ,vide bien sûr ,qui avait été soufflée artisanalement Nous cachâmes les deux, trois bijoux que nous possédions, et quelques papiers de famille dans une boîte en fer qui avait abrité des gâteaux secs en d’autres temps meilleurs et nos attendîmes la suite des événements

LE HAUT DES VIGNES

.Quelques semaines plus tard les Allemands sont entrés dans le village après que, 3 ou 4 soldats français courageusement mais inutilement, tentèrent de résister aux blindés allemands sur une petite colline dénommée « Le haut des vignes » On a entendu le tac tac de leur mitrailleuse pendant quelques heures, puis après quelques tirs d’artillerie plus rien ..Ils sont morts pour la patrie dans l’anonymat le plus complet, personne n’a jamais connu leur nom, ils auraient pourtant mérité la reconnaissance de la patrie Les Allemands les ont enterrés Dieu seul sait ou. Mais peut être tout simplement jetés dans les sapes qui dataient de la dernière guerre .la ligne de front ayant subsisté pendant des mois et des mois sur le territoire de Leintrey.

En temps normal ,c‘était une charmante petite colline bien exposée aux rayons du soleil ,qui avait une source d’eau fraîche, avec quelques grenouilles et du cresson, .il était agréable de s’y désaltérer.

En hiver quand il avait neigé, nous y faisions de la luge.

Moins sympa, les restes de la guerre de 1914 car ces fameuses sapes qui faisaient le bonheur des renards ont fait le malheur de plusieurs chiens de chasse. Ceux-ci poursuivaient les renards dans leur trou se battaient avec, et faisaient écrouler les poteaux ; qui datant de plus de vingt ans, étaient vermoulus On ne revoyait plus ni les uns ni les autres.

La guerre des boutons

PRECURSEURS DE LA GUERRE DES BOUTONS

Je ne me souviens pas , mais peut être ne l’ai-je jamais su , de l’étincelle qui enflamma cette confrontation idiote avec les jeunes d’ .Emberménil Ce village avait la gare de chemin de fer , enfin presque il fallait quand même faire , environ un kilomètre ( Les maires de l’époque de la construction de la ligne ne voulaient pas qu’elle passe trop prés afin d’éviter que les fumées polluent leur village .On parlait déjà pollution

On les enviait car Leintrey n’avait pas de gare et nous devions faire environ cinq Km pour aller à Emberménil , mais en plus, ce village avait le centre de téléphone,et la poste .Un village de favorisés en somme ..

Nous devions donc nous y rendre à vélo, de temps à autres surtout pour la poste et c’est peut être à une de ces occasions qu’un accrochage se produisit .Quelle en fut la raison ?

Probablement un motif futile, un geste mal interprété, une phrase idiote .Quoiqu’il en soit il n’y avait pas de motif de couleur de peau, ni de religion, mais à 14 ans on avait quand même trouvé une raison de se battre. La plupart des protagonistes ne devait pas la connaître.

Nous nous donnâmes rendez vous à mi chemin, vers le pont de la Tonniol et on s’invectiva en se lançant des cailloux, déjà , heureusement il n’y a pas eu de blessé.

.Je n’ai pas réussi à prendre le commandement seul, j’ai dû partager avec un certain Christophe. On avait déjà un contentieux avec une certaine Maria qui lui faisait plus de sourires qu’à moi alors qu’il portait déjà une paire de lunettes, quelle horreur !!

J’en ai conclu que les filles manquaient de goût et étaient vraiment incompréhensibles. .Je n’étais pas complètement consolé par le fait que sa sœur, Anna , ne me quittait pas des yeux .Le monde est quand même mal fait.

, LE TRAVAIL A LA CAMPAGNE.

Le grand -père avait des chènevières et mon père avec mon aide (je l’encourageais par ma présence,) nous, enfin lui, allait planter des légumes : carottes, pommes de terre, haricots, et des betteraves pour les lapins etc.

. Avec le Grand Père, on allait faucher de l’herbe que l’on ramenait dans une brouette .A la saison, on faisait du foin, que l’on montait ensuite sur le grenier. Il fallait bien les nourrir aussi en hiver, c ‘est ainsi que j’appris à faucher, enfin, tant bien que mal.

.Quand le temps le permettait et que son asthme ne le faisait pas trop souffrir le grand père prenait son fusil et son chien et tentait de nous rapporter un lièvre.. Il y en avait encore quelques uns à cette époque. Je le regardais partir avec envie .et curiosité Je pense que cela m’a influencé pour l’avenir.

.Ses bottes en cuir m’impressionnaient particulièrement et les jours de pluie (j’adorais marcher sous la pluie) je subtilisais ces fameuses bottes et partais vers les entonnoirs.

Gardien de vaches..

GARDIENS DE VACHES, ENTRE AUTRE

J'avais aussi d'autres occupations .A la campagne, c'est toujours les enfants qui vont garder les vaches pour les faire pâturer dans les champs . J'allais donc avec mon pote Maurice Q… on emportait des morceaux de lard, des pommes de terre et un morceau de pain conséquent.

On se faisait un feu de bois pour griller le lard et on mettait les pommes de terre sous la braise, un vrai régal. J’en garde un bon, mais bon souvenir .

LE BATTAGE DU BLE


Une autre occupation : le battage du blé .C'était très bruyant, très animé, et très poussiéreux

La batteuse était reliée au moteur électrique par une large courroie qui de temps en temps sautait. Ca permettait aux travailleurs de se dépoussiérer le gosier, car il y avait beaucoup de poussières, surtout quand les années avaient été pluvieuses.

Il fallait jeter les bottes, de greniers en greniers,( il y avait plusieurs étages), jusqu' à la batteuse, puis après le passage dans la machine, il fallait lier les sacs de blé et les plus costaux les remontaient sur le grenier par l’intermédiaire d’une échelle . Entre temps on avait eu droit au saucisson de la ferme, à son lard, et à un coup de gros rouge, parfois à la piquette de notre hôte. Heureusement que le gosier était sec et poussiéreux, on ne le sentait pas passer.

Quand c'était fini généralement le lendemain, la fiesta commençait; jambon, lard, saucisson, vin, bière, le tout à volonté. .A cette époque heureusement, il n'y avait pas de contrôle d'alcoolémie. Presque tous repartaient à pieds,tant bien que mal,mais même les rares qui repartaient chez eux en vélo, avaient des problèmes, certains terminaient dans les fossés et y restaient plusieurs heures.

Il faut bien que jeunesse se passe!!

Les entonnoirs de Leintrey

LES ENTONNOIRS DE LEINTREY

.Ces entonnoirs étaient des trous suffisamment importants, pour qu’on puisse y placer une maison .Ces trous avaient été provoqués en 1916 par des explosion de mines et de contre mines il y avait deux entonnoirs allemands et deux français qui n’ont pas explosé en même temps il semble que les Allemands avaient commencé ,mais ,dés que les Français ont entendu que ceux-ci creusaient , le Génie s’est mis tout de suite à l’ouvrage pour mettre en place des contre mines et c’est à celui qui les ferait éclater le premier.

.La première série explose,il y a déjà eu des morts mais le plus beau était à venir , les Allemands comme les Français se précipitent pour occuper la position, mais quand la deuxième série explosa avec retard, elle ensevelit tout le monde, n’épargnant ni les uns ,ni les autres provoquant probablement plus d’une centaine de morts, tant Allemands que Français Quel gâchis!

Ce fut un carnage épouvantable, avec des membres éparpillés un peu partout, une jambe par ci, une autre par là et pas forcement à la même personne, un bras qui dépassait de la terre : la guerre dans toute son horreur.

.Un monument commémoratif a été dressé avec les noms probables de ces malheureux. C’est un site connu, répertorié qui est toujours visible « Les entonnoirs de Leintrey ». Ca laisse rêveur, et l’on se dit que l’intelligence humaine n’a pas de limite dans la bêtise.

En 1940 pendant une période de sécheresse, le niveau de l’eau baissa beaucoup et nous retrouvâmes des ossements,des tibias et un crâne, de ces sacrifiés de cette guerre que l’on avait appelé <> Depuis on a fait mieux

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La ligne de front passait par Leintrey avec la guerre des tranchées, les bois environnant sont dans un triste état

Leintrey en 1940

LEINTREY EN 1940

J’avais la chance d’aller jouer chez eux, c’était souvent dans la petit salon cette pièce au bord arrondi était très curieuse, et m’enchantait.

Depuis Michel a fait son chemin comme chef de service de psychologie médicale au CHU de Nancy, pendant 20 ans, et faisant des conférences dans de nombreux pays étrangers.. Nous nous revoyons de temps en temps mais à mon goût trop peu souvent. Nous pourrions revivre l’époque de notre jeunesse insouciante

. Il avait un frère plus jeune Jean Marie, mais c’est avec Michel, (nous étions du même age,) que j'avais le plus d'attaches .Nous fabriquions des arcs avec du noisetier et les flèches avec des roseaux Nous allions aussi à la pêche dans le guéouar (en patois, orthographe ?)Alimenté par un petit ruisseau .Nous y attrapions parfois des épinoches .Ce guéouar devait servir à abreuver les chevaux qui revenaient des travaux des champs et éventuellement à les décrotter

Notre matériel de pêche rudimentaire se composait généralement, d’une baguette de saule, d’un fil de pêche plus ou moins raffistolé et d’une épingle recourbée en guise d’hameçon

.Nous allions également pêcher dans un petit ruisseau qui coulait en bas du village, là c’était la pêche aux grenouilles, on avait de l'eau jusqu'au genoux, il n'y avait pas plus d'eau; ou dans le trou des trois bans, qui nous semblait très ,très profond ….il faisait bien …. deux mètres de profondeur.

Deux ruisseaux y aboutissaient et le troisième faisait l’évacuation. Il m’est arrivé en été quand il faisait très chaud, de boire cette eau qui était très claire et bien fraîche Elle ne pouvait pas être polluée, puisqu’elle était claire et pour moi, argument irréfragable il y avait des grenouilles dedans.. Probablement qu’elle n'était pas polluée, en tout cas pas encore. .

On trouvait également des grenouilles dans les Entonnoirs, ou il y avait également des salamandres, des tritons. et quelques gardons .D'ou venaient t-ils ?