jeudi 21 juin 2007

Leintrey

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LEINTREY

Fin 1939 ou début 1940 la décision fut prise nous partîmes donc pour habiter à Leintrey , dans le village de mes grands parents maternels

La maison était assez grande C’était une ancienne ferme mais qui faisait en même temps café ,dans un village qui en comptait déjà deux autres .Trois cafés pour un petit village c’est assez confortable ., celui-ci se situait au milieu de la localité, face à la grande place .

maison

Un assez gros poêle à bois chauffait la salle du café, la cuisine, elle, était chauffée par une cuisinière à bois également, et servait à préparer les repas. Quant à .la salle à manger elle était chauffée par un petit poêle en faïence, quelques clients venaient y jouer aux cartes le soir

. La salle du café étant fermée très tôt, d’une part c’était plus intime et d’autre part, en arrêtant le gros poêle on faisait des économies de bois. Il était en effet inutile de chauffer la grande pièce pour seulement 4 ou 5 clients. On le rallumait tous les matins.

De plus, depuis la déclaration de guerre il était recommandé, que dis- je, il était obligatoire de camoufler les lumières. En plus de fermer les volets,constitués de lamelles en bois , il fallait aussi boucher tous les interstices avec du papier journal ou des chiffons afin que nulle lumière ne filtre.

Les quatre chambres du premier étage n’étaient, bien sur, pas chauffées La toilette se faisait avec une cuvette et un broc, mais en plein hiver l'eau était gelée et il fallait descendre à la cuisine pour chercher un peu d'eau tiède dans la bouilloire qui était toujours sur le coin de la cuisinière.

Comme Grand-père était asthmatique, un petit poêle en faïence bleue atténuait la froidure de sa chambre. . Il dormait dans un fauteuil ou assis dans son lit, et à tout prix il devait éviter de prendre froid

Quand il était tout jeune, il partait en vélo, tous les jours à 6 heures du matin, jusqu’à Avricourt distant de 7 kilomètres pour travailler à la SNCF Quelque soit le temps, hiver, pluie, brouillard, il fallait y aller. C'est probablement comme cela qu'il a attrapé son asthme Maintenant, pour aller chercher son journal, une baguette de pain, un paquet de cigarettes que sais je … on prend sa voiture pour effectuer 200 mètres. Qui accepterait de faire 7 kilomètres en vélo pour aller travailler par tous les temps?

Ce temps est révolu.

Par ailleurs, quand il allait se coucher il mettait toujours sur la tête un bonnet à pompon, ce que je trouvais très drôle mais il devait bien se protéger du froid. Les murs n’étaient pas isolés comme maintenant et les hivers étaient souvent très rigoureux .une température de -20 degrés était courante et cela pendant plusieurs semaines .Dans les chambres non chauffées la température descendait bien en dessous du zéro.

J’entendais ses quintes de toux depuis ma chambre, qui se situait pourtant au fond du couloir, c’était pénible et très impressionnant .Je pense que la Grand-mère ne devait pas beaucoup dormir , ce qui explique qu’elle se rattrapait dans la journée au coin de sa cuisinière .

Leintrey

mercredi 20 juin 2007

premières difficultés

PREMIERES DIFFICULTES

La vie devint rapidement plus difficile, les marchandises manquèrent bientôt, les gens faisant des stocks et mon père devait aller en vélo, à la campagne jusque chez mon grand père maternel pour tenter de nous ravitailler. Cela représentait aller et retour une centaine de kilomètres..

C’était très difficile d’obtenir une livre de beurre, à part de rares amis au grand cœur, car le marché noir exista très vite et comme nous étions connus comme faisant presque partie du village les paysans n’osaient pas nous faire les prix qu’ils pratiquaient avec des inconnus de la ville « mon pauvre, les vaches ne donnent pas beaucoup de lait en ce moment et les poules ne pondent pas, vous savez la vie devient difficile Mais pour vous dépanner on va essayer de vous trouver 2 œufs, faut bien s’entraider n’est ce pas .ah ! Si on pouvait faire plus, croyez bien qu’on le ferait !

C'est de l'hypocrisie, dont chacun est conscient, mais c'est humain..

Il fallait s’en contenter et bien remercier, car ces deux œufs étaient quand même les bienvenus.

Les villageois ont tendance à penser que les citadins sont des heureux paresseux, et les citadins ne voient dans les travailleurs de la terre que des culs terreux.

Cependant mon père, artisan peintre, et ayant moins de travail du fait de la situation décida avec ma mère qu’il serait plus prudent de quitter Nancy .En effet la ville avait subit des bombardements durant la dernière guerre de 14/18 et rien ne prouvait que cela n’allait pas se reproduire

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